Ce week end, j’ai repoussé l’écran, la palette graphique, ramassé les disques durs, mon story board, j’ai sorti du papier, des crayons, un peu de peinture, une grosse gomme.
Après une semaine bien chargée, j’ai ressorti le dossier bande dessinée...
Ceux qui suivent remarquerons que depuis cet été je n’ai pas fait beaucoup d’allusions à ce projet. Mais oui...
Mais j’ai du mal à être sur tout les fronts pour être honnête.
Et aussi pour être honnête je me demandais bien comment j’allais régler ce problème de dessin tout mou que j’avais...et je repoussais un peu le moment ou j’allais devoir me frotter à nouveau au problème, c’est vrai !
BON ! Mais pour commencer, quand j’ai relu mon découpage j’ai eu encore plus les boules.
Sauf que je n’ai pas le choix là vu les circonstances, de toutes façons, il faut s’y coller alors je me suis dit "Tu as deux jours devant toi, le tout c’est de redémarrer la machine, tranquillou comme dit Michel", j’ai sélectionné un passage qui me disait bien, pas trop effrayant, et puis j’ai commencé...
Et puis au bout de quelques heures, j’avais plutôt avancé, et là un sentiment rare m’a envahi...la satisfaction...!
Pas de trouver que j’ai fait un truc génial ahahaha ! la blague ! Non, simplement, la satisfaction de n’avoir pas vu passer le temps et d’avoir pris du plaisir.
À côté de ce que je fais en animation en ce moment, dessiner pour de la bande dessinée, c’est comme faire des petits bisounours souriants sur des petits nuages.
Et puis, il n’y a rien à faire, finir une planche ça vient tellement vite ! Ahlala c’est fou ! Même si tu refais des dessins, c’est pas comme refaire une animation, quand quelque chose cloche, bah c’est à peu près vite résolu... ( Enfin, faudrait pas que je parle trop vite, parce qu’il me reste quand même une trentaine de planches et toutes mes sessions ne seront peut-être pas aussi fructueuses....)
Alors que finir un plan "oh mon Dieu", ça c’est long, chez moi c’est long...!
Je ne vais pas rentrer dans le détail et commencer à me demander si l’un est plus "facile" ou "évident" que l’autre, c’est sûrement une question de contexte, de contraintes, - je me rappelle avoir surtout travaillé le piano pendant mes études d’illustrations - ...
C’est juste que quand, en création, quelque chose se passe bien, c’est une source d’énergie pour le reste et ça fait vraiment du bien.
Et je crois que ça n’était pas arrivé depuis un bon moment avec le dessin et fatalement ça finit par poser un sérieux doute.
Voilà, mais pour le moment, le plaisir est là. OUf.
Je fini par aller voir la maîtresse au bureau pour lui dire que je ne comprend pas la phrase.
"Il pêle une pêche."
C’est l’humiliation quand je retourne à ma place en ayant pris conscience qu’il s’agit du fruit.
À part ça, je continue de penser que ça manque de pêche...
Sans jeu de mot.
Ca ce sont les chutes.
J’ai refait la moitié.
Je cherche donc ça n’est pas un problème.
Les planches, c’est pas que je veux faire des mystères mais je vais les laisser dormir ( c’est moi qui vais dormir surtout ) et puis je verrai dans quelques jours, en plus là, il faudrait les scanner tout ça et j’ai la flemme.
Déjà j’ai rangé mon bureau !
Vous noterez que je n’ai même pas fait une rotation de l’image.
C’est sûrement un acte manqué.
Ooooh on dirait le petit chien dans Martine...
Marcel Marlier sort de ce corps !
Je le savais !
Je le savais ! Je le savais !
Je savais qu’elle me guettait la chienne !
Je fais des croquis, on n’y comprend pas grand chose mais c’est vivant, je place les lignes principales, c’est le bordel mais c’est vivant, je passe au final, et là, ça se fige complètement.
Pourquoi ? Parce que à ce moment là, j’arrête de chercher, il ne se passe plus rien, c’est du sous-dessin, voilà ce qu’il se passe.
Je me sens comme un petit enfant apeuré devant son petit papier "spécial".
Et c’est fatal, le chien arrête d’être surpris, la grand mère n’est plus enthousiaste, la petite fille s’éteind...
BON,
C’est pas grave.
Je vais me reprendre.
Je vais trouver.
J’ai le temps.
"Je plongeais dans l’eau et le rouleau passait par dessus brassant mes 30 kilos, les algues et le sable. Les vagues étaient si violentes parfois, et l’écume tellement dense que lorsqu’ elle se répandait à la surface de l’eau, elle faisait disparaître la lumière autour de moi. Du fond de l’eau, je croyais être sous la coque d’un bâteau. J’avais encore le temps d’imaginer ma grand mère m’ayant vu disparaître dans les rouleaux, clopinant au bord de l’eau les yeux humides prête à me crier dessus...Je refaisais surface penaude et regardais incrédule les alentours déserts et l’écume déchirée. Trop vite une nouvelle vague déferlait avant que je ne puisse reprendre mon souffle.
Au bout d’un moment, lessivée, je finissais par remonter la plage et trouvais ma grand mère et le chien endormis sous le parasol délavé."
Ca fait partie de ces fois où un souvenir jaillit tellement distinctement que je dois l’écrire et gribouiller un truc illisible, "pour plus tard".
Après ça je me suis dit "Mamie un jour je ferai un livre avec toi, ...et tout le reste".
On y est presque.
J’ai fait un premier découpage.
YEEAAAHH !
Je rappelle avec pas mal de bonheur une série de souvenirs pour faire mon découpage : ma grand mère, son chien, la "maison", le jardin, la plage, la pêche, le port, la voiture, la cuisine, et le pyjama en éponge à emmanchure raglan,...
Si je pouvais tout y mettre pour ne plus rien oublier...
En fait ça n’est pas elle, il manque plus de la moitié de ce qu’elle m’inspire...
De toutes façons, dans des planches on a ni les sons, ni les parfums et je ne pourrai jamais non plus décrire le contact avec la peau de ses joues ...
Et puis on se calme, ça restera une fiction quand même.
J’ai dit que je ferai un livre avec elle, pas un livre sur elle.
J’ai préparé mes crayons de couleur, quelques crayons 4B, deux carnets, on ne sait jamais, j’essaie de remettre la main sur mon feutre pinceau, je range mon bureau, j’éteint mon ordinateur.
Je pars pour Beirut avec l’employé du Moi. Samandal est venu en mars 2011 pour visitier la Belgique, cette fois-ci c’est nous qui allons au Liban pour dessiner.
J’en suis encore très imprégnée.
Je n’avais pas très envie de quitter le Liban, les gens de Samandal vont encore me manquer un moment.
Je me suis dit que pour être moins con, decidemment il faudrait voyager encore et encore.
Je me suis dit aussi parfois que j’étais vraiment nulle essayant de dessiner, mais j’ai progressé.
Chaque soir on collaborait à deux pour faire un petit comics de 8 pages.
La cohérence tient au fait qu’on avait tous un personnage récurrent, et on essayait toujours de situer le récit dans un environnement proche de ce qu’on avait vu et dessiné pendant la journée.
À la fin, j’ai même dessiné à la plume. Comme un vrai dessinateur de bedey ! Incroyable. Et ça ma plu.
Stéphane Noël, Sacha Goerg, Max de Radiguès et Noémie Marsily pour "les belges", Omar khouri, Joseph Kai, Fdz, Ghadi Ghosn et Jana Traboulsi pour "les libanais".
Merci EDM, merci Samandal.
Quelques jours à Paris pour fêter les 10 ans de l’Employé du Moi.
Ca c’est Appendix et la liste des auteurs qui s’y trouvent.
...Oui j’ai fait un peu de couleur...
Sinon, ce soir je parle pour la seconde fois au micro de radio campus pour l’emission RADIO GRANDPAPIER, on finirait par croire que je suis tout le temps fourrée avec les mêmes...