Joanna Lorho

Entre la plage et la ville

Juillet 2012

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On travaillait nos comportements pour ne pas se faire repérer par l’ennemi, personne ne devaient savoir qu’on réouvraient quelques passages secrets, qu’on entreposait ça et là quelques vivres. Je me rend compte étonnée à quel point je suis capable de courir vite dans le sable. La trouille ?
Non, en fait j’ai rétréci, j’ai des jambes d’enfant.
Je suis une enfant.
La guerre va démarrer, là maintenant, où demain, je retrouve des gens qui vont combattre avec moi que je n’ai pas vu depuis des années, des gens qui étaient aux Beaux-Arts avec moi. On fait des blagues comme avant, c’est bizarre. On est logés dans des tentes de camping. J’ai un bippeur du futur mais je n’arrive pas à joindre S. Et lui pourquoi il ne donne aucun signe ?
Tiens je ne suis plus une enfant, tout devient pesant.
Quand on part en ville je me rend compte à quel point le conflit est imminent.
On dois partir tout les deux pour la Suisse où c’est la paix, mais quand je reviens, je vais devoir combattre. Lui, il est réformé.
Combien de temps va durer le conflit ?
Au balcons des maisons tout le monde à sorti son attirail, tous braqués les uns sur les autres c’est terrifiant.
Il y a des sangliers qui rôdent, pour l’instant inoffensifs, mais ils sont dressés et lorsque ça aura démarré on sait qu’il ne faudra pas les croiser, sur leurs yeux il y a comme des plaques de métal peintes en rouges et dorées.
Je suis tapie dans les herbes jaunes et sèches. On attend, qu’est-ce qu’on attend ?
Je me rend compte que je ne suis pas du tout prête pour ça, savoir que je vais mourir bientôt ça me révolte, mais je ne fais rien, je vais être dans les premières à sauter je le sais, je ne veux pas, je ne veux pas tuer quelqu’un, je voudrais joindre S. mais je n’y arrive pas, mourir maintenant, c’est pas le moment, et d’ailleurs qui sont les ennemis ? Pour quelles causes ?

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