Joanna Lorho

Mourir en zombie finalement, ça n’a pas l’air si terrible

Novembre 2011

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D’abord j’ai accepté de suivre l’espèce de vieux bûcheron, et de rejoindre les autres, il disait qu’il valait mieux pour nous tous que je sois raisonnable.
Au moment où je me couche dans cette vieille carcasse de voiture cramée je lui en veux parce que je sais que j’ai été contaminée en rentrant ici, et je me couche sur cette banquette parce que je sens que je vais mourir à mon tour.
Je suis épuisée et je commence à me dessécher, mais j’ai encore toute ma tête. Je me couche en chien de fusil contre le dossier pour qu’on ne voie pas mon visage de morte, parce qu’ici quand tu meurs, ton visage se déforme, la bouche s’agrandit jusqu’à occuper presque tout le visage, la peau est luisante et dur comme un poisson séché. Mais je me dit que s’il me retrouve, il va me retourner pour voir si je suis morte, et je ne veux pas qu’il me voie comme ça.
J’ai encore toute ma tête, je pense à tout les gens que je ne vais plus revoir, je me relève et je prend des papiers pour écrire, mais je me rend compte que tout mes messages se résument de la même façon pour tous, je t’aime, je t’aime, je t’aime. Deux amies m’ont rejoint pour fumer une cigarette à côté de moi, j’ai du mal à articuler, mais je dis "je ne comprenais pas ces gens qui avant de mourir disaient "c’est la vie", mais finalement ils ont raison, c’est la vie".
Je me sens assez bien finalement, je me sens partir, comme une fumée qui se dissipe.

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