Le processus de compensation est qu’inconsciemment je sélectionne un petit extrait de quelque chose que j’ai entendu récemment, un "motif".
Et je le reproduit à l’infini sur un clavier imaginaire, un truc que j’aurai tout le temps sur moi : mes pouces.

En marchant, dans le lit, sur le guidon du vélo. Si j’ai les mains occupées j’utilise mes dents, la canine gauche c’est la note la plus basse et je "monte" jusqu’au molaires.

Ca correspond aux doigtés tout simplement.
Si le motif est simple les mains reproduisent exactement la même chose en miroir.

Sol mi re mi do mi re mi sol mi re mi do mi re mi...
Do mi re mi sol mi re mi do mi re mi sol mi re mi...

C’est le début d’un prélude de Bach.

Si c’est polyrythmique, les mains se partagent la tâche.
Une forme de travail parallèle, indépendant, d’ailleurs souvent si je prend conscience du truc je perd le fil.
Sinon après quelques heures c’est amusant de voir que j’ai gardé comme un sample d’un truc que j’aurai sélectionné à la volée et que je répète inconsciemment à l’infini comme s’il devait se graver quelque part dans ma tête. Hier c’était le début d’un morceau de 16 Horsepower.

Oui ça me manque c’est la première fois en 20 ans que je ne touche pas un piano pendant une durée aussi longue.

+ de Glenn Gould

À 11 sec près on sautait quelques siècles.
Rien à voir.
Je travaille mieux si j’entend de la musique, mais laquelle, il ne faut pas qu’elle capte trop mon attention, certaines me donnent envie d’abandonner mon bureau et d’aller en jouer moi même, mais d’autres me plongent dans un état de concentration assez intense.

Bref.

Effet raté avec Purcell. Dido et Enée.( lecteur en bas du post )

J’ai arrêté de travailler, le stylet à 5 centimètres de la tablette, raide et immobile. Avec seulement mes poils qui ondulent comme des vagues à la surface de la peau.
"Thy hand, belinda, darkness shades me.
On thy bosom let me rest.
More I would, but death invades me."
Death is now a welcome guest.
Quand l’orchestre complet accompagne le chant c’est ma tête qui commence à palpiter. ( c’est bon )
When I am laid in earth, may my wrongs create
No trouble in thy breast.
Remember me, but ah ! forget my fate.

Ca ne sert à rien de le remettre une seconde fois ça ne marche plus mieux vaut passer à autre chose avec ’With Dropping Wings Ye Cupids Come’ qui tombe comme une neige.

Sinon on peut en reprendre une part avec ça, ça me donnerait envie de remettre un disque tiens :

Ou encore ça :

Allez au boulot maintenant.

Voilà.
C’est fait, la Joanna Lorho qui fait de la musique existe.
Après des années de pratique clandestine, je l’ai fait.
J’ai joué devant une salle remplie de gens, des amis, et des inconnus.

Maintenant, c’est comme si en faisant ce concert, je venais compléter quelque chose. Donner une image plus juste de ce que je suis.
Ca fait du bien.

Merci à Abdel d’avoir crée la niche, de m’avoir laissé venir avec ça et de m’avoir suivi. Merci à Corentin pour s’être laissé embarquer.
Merci à Sacha pour m’avoir ramassé plusieurs fois.
Merci au Théâtre, à tout les sourires d’encouragement et tout les mots doux qu’on a reçu au fil des répétitions.
Merci aux amis, aux copains qui sont venus, c’était au delà de toute attente.

On a mené le set jusqu’au bout, on a fini avec Carl, je crois que tout était là, un peu constellé par la trouille mais ça tenait la route.

Il reste peu de traces de ça, et je n’ai vraiment aucune idée pour la suite.
Mais c’est fait.

Sur le Soundcloud, on a des prises faites en répétition.
Et puis, un bout de concert, avec des fautes dedans :

Il est là, le "film"...
Comment je vais appeler ça...?
C’est une sorte d’animation qui dure une demi heure, la durée du set qu’on jouera samedi soir plus ou moins, c’est une sorte de longue série d’images animées...
On a testé sur Noémie ( merci Noémie ), ça à l’air de marcher, l’oeil, l’esprit circulent entre la musique, la présence des musiciens, l’image projetée ... et le reste...
Enfin je dis ça, si vous voulez en savoir plus, vous savez quoi faire, c’est samedi soir, amenez vos fesses vos yeux, vos oreilles ... , tout est là : Theâtre de la Vie, ce n’est pas comme si je n’en avait pas déjà parlé !
Mais, déjà, CE SOIR : VERNISSAGE, au même endroit, et, c’est assez logique, vous y verrez les dessins qui ont servi à la projection.
Vous verrez aussi plein de belles choses de Noémie Marsily, Carl Roosens, Mr Pimpant, Francesco Defourny, et Francois de Jonge.

C’était dimanche, c’était bien.
Un "concert maison" avec Carl, Cédric Castus, et moi avec Corentin Dellicour au violoncelle.

Une trentaine de personnes, dans le salon, des copains.
C’était bien.

WE DID IT.

À l’heure qu’il est j’essaie d’exporter l’animation que j’ai préparé, j’ai répété toute la matinée en priant pour ne pas avoir de trou de mémoire.
J’ai ramassé mes dessins, rallumé une ou deux boites lumineuses, et je me prépare à démarrer un atelier découpe de carton en vue du futur accrochage.
Des fois j’ai peur.
Des fois ça va.